Introduction de l’interview avec un préparateur physique

Dans cette vidéo, je pars à la rencontre du préparateur physique Frédéric Fabbri.

Après avoir préparé physiquement des joueurs de rugby en fédérale 1, il a ouvert son propre « local » (pour reprendre ses termes) et préparer physiquement à la fois des équipes et des sportifs individuels, aussi bien en présentiel qu’en distantiel.

Frédéric nous explique en quoi le fait de préparer des athlètes est très différent du coaching sportif traditionnel :

  • Bien-sûr, dans la programmation en elle-même, qui doit être adaptée au sport pratiqué
  • En termes de psychologie, de motivation, de flexibilité, de lectures d’études scientifiques
  • Mais aussi d’un certain nombre de contraintes supplémentaires dont on ne s’aperçoit pas réellement de l’extérieur
  • Et d’une touche de « culot »

Dans le montage, on est passé un peu vite sur la notion de « Poor pattern » / « Rich pattern ».

L’idée est que dans la préparation physique, on doit être au plus près possible de la réalité du sport des athlètes.  Ce qui nécessite de faire exécuter certains mouvements avec une technique bien plus approximative. Un exemple est par exemple de faire exécuter un soulevé de terre :

  • A des charges lourdes, en rich pattern, c’est-à-dire avec une exécution parfaite
  • A des charges plus légères (par exemple 50% de la RM1), avec une exécution bien plus perfectible : par exemple avec le dos rond ou avec un regard loin devant qui amène à un non alignement des vertèbres cervicales avec le reste du rachis

Bon visionnage !

Retranscription de l’interview avec un préparateur physique

« Dans cette vidéo, nous partons à la rencontre de Frédéric Fabbri, préparateur physique.
– Salut !
– Il va donc nous expliquer comment il est arrivé à être un préparateur physique connu et reconnu. C’est Frédéric Balussaud du blog Réussir son BPJEPS, le blog qui aide les coachs sportifs à obtenir leur diplôme et vivre de leur passion. Vous pouvez télécharger gratuitement le livret « 5 étapes pour vous lancer ».
Pour présenter rapidement Fred, il a 44 ans, gérant d’Athleta Gym, la salle dans laquelle on est actuellement, qu’il appelle le local. Nous sommes à ?? près de Nice. On s’est connu il y a un petit bout de temps, ça fait 5 ans ?
– Oui 5 ans.
– A l’époque il passait le BPJEPS AG2F, l’ancêtre du BPJEPS AF. Il m’avait contacté pour ses rattrapages BPJEPS. Il a également écrit 2 articles pour le blog : « Comment bien monter son dossier BPJEPS « performance » ? » pour ceux qui veulent monter leur dossier UC3 sur la partie développement des qualités physiques et il a également écrit un article sur les 4 livres qu’il conseille pour réussir la programmation BPJEPS. Allons sur ce qui vous intéresse, la préparation physique.

Qu’est-ce que la préparation physique ? Est-ce que tu pourrais nous donner une définition qui te semble, à toi, correspondre ?
– Je reste toujours sur cette idée de préparation physique générale où on a un athlète qui arrive et on essaie de lui donner le maximum de capacité qu’il peut avoir. On va essayer de jauger les petits manques, travailler sur ses forces et surtout le rendre le plus optimal possible pour son sport.

– Par rapport à du coaching classique, là on est lié à l’optimisation d’un autre sport ?
– Là on est sur un sport.

– Donc là tu as ton local, tu as des athlètes de plus ou moins de haut niveau qui viennent te voir régulièrement, est-ce que tu peux nous expliquer ton quotidien ?
– J’étais en Fédéral 1 sur du Rugby, je suis resté trois ans dessus. J’ai voulu souffler un peu et j’ai ramené dans mon local des sportifs, des joueurs que j’avais, des joueurs qui par le bouche-à-oreille m’ont connu et des sportifs d’autres sports que le rugby, j’ai des cyclistes de haut niveau, plusieurs sports différents.

– Comment est-ce qu’on devient préparateur physique, notamment au niveau des diplômes et des formations ?
– Le cursus le plus classique ça va être STAPS, qui représente plusieurs années. Moi j’ai fait une reconversion professionnelle, j’ai pris l’option du BP qui était pas l’option la plus simple pour le faire. Et après c’est beaucoup de travail à côté et beaucoup de culot.
– Beaucoup de culot, est-ce que tu peux nous expliquer ce que c’est avoir du culot ?
– Du culot c’est contacter des clubs qui ne chercheraient que des gens qui ont une formation classique et aller se vendre. C’est avoir une signature, une personnalité qui pourra faire en sorte qu’on se dise « peut-être qu’il a moins de diplômes mais ça accrochera avec une groupe ». Le culot c’est aussi d’avoir un sportif qui vient et qui te dit « tu sais faire ça ? », tu ne sais pas du tout le faire et tu lui « Oui, je sais le faire ». Puis, là par contre tu te donnes sa confiance et du dois bosser comme un malade pendant plusieurs jours, pendant plusieurs semaines pour avoir quelque chose de costaud.
– Finalement, tu vois ça comme un challenge.
– Cette détermination fait la confiance avec le sportif. Il y a vraiment un rapport de confiance.

– On est en Juillet 2021, ça fait 15/16 mois qu’il y a eu le premier confinement. On peut penser que c’est quelque chose où le présentiel est encore plus important que dans le coaching classique. Comment tu as pu gérer la relation avec tes sportifs ?
– J’ai profité de ces deux confinements qui ont fait qu’il n’y a pas eu de saisons qui se sont terminées, avec joueurs qui sont revenus me voir, qui ont pu partir sur d’autres villes donc j’ai fait du distanciel avec eux, qui ont voulu me reprendre comme préparateur puisqu’ils étaient livrés à eux-mêmes. J’ai eu la chance en tant que prépa physique d’avoir des sportifs de haut niveau qui pouvaient continuer à venir. Et là, les avoir en présentiel et jouer la carte du haut niveau. Et pouvoir aller un petit peu plus loin, normalement on a un impératif d’inter-saisons, de pré-saisons et là j’ai pu m’amuser puisqu’il n’y avait pas de ??.

– Donc toi aujourd’hui, au niveau prépa physique tu as à la fois des équipes et tu as également des sportifs individuels de haut niveau, en paddle par exemple. J’imagine que ce que tu dois délivrer est très différent selon s’il s’agit d’une équipe ou d’un individu.
– Quand c’est une équipe je vais essayer de respecter cet esprit équipe, puisqu’un joueur qui joue dans un sport d’équipe a ce petit goût de challenge. Je vais faire en sorte de les regrouper, même si c’est pas des gens qui sont dans le même club. Par contre aller sur leurs objectifs persos. J’ai ceux qui font un sport individuel et eux je vais les mettre en individuel avec, aussi, les particularités de leur sport. Je vais aussi surtout m’attaquer au départ à tout ce qui est blessure et autre, donc on va travailler beaucoup sur tout ce qui est articulaire et body building avant de commencer à attaquer la programmation.


– C’est intéressant, par rapport à des coachés individuels lambdas, j’imagine que l’aspect blessure est plus prépondérant.
– Chez le lambda on va essayer de faire en sorte de changer un schéma corporel qui n’est pas bon et on a un terrain qui est pas pratiquement neuf, même si souvent il arrive avec des petites blessures de la vie de tous les jours. Alors qu’un sport de haut niveau, la plupart du temps il ya de la traumatologie, le sport ne fait pas du bien. Le sport de haut niveau est quelque chose qui abîme, alors que le fitness est quelque chose qui répare.

– Aujourd’hui, peut-être sur une heure de coaching que tu donnes à une équipe ou à un individu, quelle préparation ça demande ?
– Pour une heure, on a toujours l’impression qu’on fait juste quelques heures de coaching, on intervient que quelques heures en club mais en amont il y a travail assez fou : c’est de rester tout le temps en éveil sur les études, sur toutes les recherches et autres. On va sur quelque comme ça où c’est de la passion et de la confiance, parce qu’un sportif qu’on prépare a confiance à 100% dans ce qu’on fait et il faut répondre aux attentes. Et il cherche un passionné qui soit capable de le faire. 
– L’aspect études, recherches sur tout ce qui est préparation physique est encore plus prépondérant. Est-ce que toi tu aurais des livres qui t’ont particulièrement marqué, qui pourraient être une bonne base d’initiation pour quelqu’un qui voudrait devenir coach sportif ?  
– J’ai trouvé sur 4Trainer pas mal de bouquins sympas sur l’agilité, sur la coordination, sur la vitesse. Pour trouver les études il y a T Nation qui le fait très bien où on a toutes les nouveautés. Parce que autant sur une personne qui va travailler sur son physique, on a du temps, on va travailler avec lui sur le temps qu’on veut ; autant en prépa physique pure on a le temps qu’on nous donne et souvent il est très très court par rapport à ce qu’on voudrait. 
– Tu surlignes un petit peu une contrainte, est-ce que tu peux nous dire un petit peu l’ensemble des contraintes et des particularités comportementales qu’il peut y avoir chez un athlète que tu suis par rapport à un coaché lambda ?
– Déjà il faut aimer les contraintes. C’est un challenge et il faut aimer les contraintes parce qu’il y a beaucoup beaucoup de contraintes. La première c’est qu’en club, c’est le coaché qui vient dans une salle, vient avec l’envie de s’entraîner avec des buts, quand on va dans un club, la moitié des joueurs n’ont pas envie. Ils veulent faire leur sport et ils veulent pas faire du physique. Les autres contraintes c’est que suivant, on fait une planification mais suivant les matchs la planification va changer. Il faut avoir une lecture du match, il faut avoir la lecture du match avec les coachs, celle des joueurs, leur expliquer des fois que leur ressenti n’est pas réellement le travail où on doit aller. Et c’est le temps, c’est-à-dire qu’on peut partir avec une idée d’avoir des séances d’une demi heure sur le terrain. Je dissocie bien, il y a le travail de musculation et le travail sur le terrain. Sur le terrain on peut nous donner une demi heure et nous dire « en fait on t’a laissé dix minutes parce qu’il faut qu’on fasse un travail de passes » et là en dix minutes on se dit « qu’est-ce qu’on va faire ? ». Il faut être capable de suite de remodeler la séance.
– Donc il y a à la fois un gros travail de préparation, mais en plus une demande en termes de flexibilité. Tu me parlais tout à l’heure de ce que les Anglais appellent « Poor pattern, rich pattern », est-ce que tu peux nous expliquer cette notion là et en quoi elle est importante en préparation physique ? 
– On a l’habitude de travailler souvent avec un pattern riche donc un mouvement riche, c’est-à-dire qu’on va parler d’un soulevé de terre avec un dos bien plat avec tout un alignement. Par contre,  quand on est sur un terrain, il n’y a pas de mouvements propres. On va essayer de le faire le moins sale possible ou comme on peut. Donc je vois un intérêt à travailler une partie de la séance en pattern riche et une partie de la séance en pattern pauvre. 

– Est-ce que tu aurais une question que tu aimerais poser aux lecteurs ou un dernier conseil à leur donner ? 
– J’aimerais bien savoir, avoir des retours de certains qui voudraient se lancer là dedans et qui se lancent et qui n’ont pas du tout la même vision et qui pourraient vouloir venir discuter. Je suis complètement ouvert à la discussion. Et un conseil, ce serait que s’il n’y a pas la passion, c’est pas la peine. Il y a beaucoup de choses à faire avec un BP, aller dans des choses aussi compliquées c’est pas la peine s’il y a pas la passion, on va pas s’amuser. 
– Merci Frédéric pour ces échanges, vous pourrez retrouver Frédéric Fabbri ainsi que ses articles dans la description. Il y aura un lien également vers son local. C’était Frédéric Balussaud du blog Réussir son BPJEPS et Frédéric Fabbri. «