Ah le BPJEPS AF… En voilà une qualification bien convoitée pour accéder au métier de coach sportif. Et pour cause : elle est nécessaire pour quiconque souhaite exercer sa passion sous le statut de professionnel déclaré. Si l’utilité de ce diplôme n’est plus à prouver, il semble toutefois pertinent de se poser la question suivante: un double BPJEPS ne serait-il pas encore plus intéressant ? Cette option est à considérer fortement car pour rappel, l’un des objectifs de la réforme du BEES (Brevet d’Etat d’Educateur Sportif) en BPJEPS avait pour objet d’encourager la formation du professionnel à plusieurs disciplines… En facilitant les passerelles entre les différents diplômes exigés.

L’essence même du BPJEPS n’est donc pas de se limiter à un champ unique de compétences, mais bien au contraire, de les diversifier. Dans la mesure où les UC1 et UC2 sont communs à tous les BPJEPS, il ne reste plus qu’à passer les UC spécifiques : pratique! Alors certes me direz-vous, c’est bien joli tout ça… Mais que faire comme double-qualification ? Car entrer en formation implique un coût certain, que ce soit au niveau des finances, de l’organisation ou de la motivation. Il est donc indispensable de réfléchir à un choix stratégique et porteur… Et c’est ici qu’intervient le BPJEPS AAN, ou en d’autres termes, le diplôme de MNS (Maitre-Nageur Sauveteur).

Au regard de l’évolution actuelle du secteur de la forme et de la santé, il est indéniable que cette combinaison apparait comme gagnante, et constitue un atout non-négligeable sur un marché de l’emploi extrêmement concurrentiel. Quelques explications…

BPJEPS AF et BPJEPS AAN : quelle complémentarité ?

Si l’on devait différencier les deux BPJEPS de manière schématique, on pourrait dire que l’AF correspond à la pratique sportive terrestre et le AAN à la pratique sportive aquatique. Ce point est majeur car il met d’emblée en évidence le principal intérêt de cette double-qualification : maitriser les deux milieux permet de proposer un coaching complet à sa clientèle. Car le but du jeu est bien d’ajouter de la valeur à son profil pour améliorer son taux d’insertion professionnelle.

Or, si l’on se penche sur l’enquête menée par le ministère en charge des sports et l’INSEP sur la pratique des activités physiques et sportives en France, on s’aperçoit que la nage se classe en 2e position… Tandis que la gymnastique (au sens « wellness / fitness sportive ») et la musculation n’arrivent qu’en 4e et 9e positions ! L’écart est flagrant, notamment sur l’évolution du nombre de pratiquants en 10 ans.

Cette observation mérite donc que l’on s’interroge sur les attentes des pratiquants et les besoins de formation qui en découlent. Cela signifie-t-il qu’il faudrait privilégier le BPJEPS AAN au BPJEPS AF ? Non… il ne s’agit pas d’opposer les deux diplômes mais de les associer. En effet, le référentiel du BPJEPS AF indique qu’ « on estime qu’environ une quinzaine de millions de français pratiquent la musculation, le fitness ou la gymnastique d’entretien ». Les activités de la forme pèsent donc leur poids dans le secteur sportif, même si elles ne figurent pas sur le podium des plus pratiquées.

Toujours dans cette idée d’étendre les compétences liées aux activités de la forme, il est intéressant de constater que la principale motivation de ces sportifs amateurs reste avant tout le bien-être et la santé. Or, de par son faible impact sur les articulations lié à l’état d’apesanteur éprouvé, l’eau constitue un terrain particulièrement favorable à la détente et à la prévention. Par conséquent, un coach en mesure d’utiliser des techniques à la fois terrestres et aquatiques a toutes les chances de construire des programmes d’entrainement adaptés à la satisfaction de cet axe de travail prioritaire.

BPJEPS AF et BPJEPS AAN : quelle perspective ?

L’inquiétude n’a pas lieu d’être pour les éducateurs sportifs détenteurs de la double-qualification AF/AAN : avec une pénurie croissante de MNS sur le territoire français, les perspectives d’emploi sont excellentes. Et ce d’autant plus que, d’après le référentiel du BPJEPS AAN« Outre les notions d’apprendre à nager, la demande sociale pour les pratiques aquatiques connaît depuis de nombreuses années une évolution importante s’orientant vers des besoins émergents d’activités d’encadrement liés davantage à la santé, à la forme et au bien-être. (…) Les différentes formes « d’aqua » connaissent un réel développement (aquagym, aqua fitness, aqua forme, aquabike…). ».

Il faut donc bien comprendre que c’est avant tout le secteur des cours collectifs dans l’eau qui est en plein essor. Ce qui revient à dire qu’un boulevard de postes à pourvoir s’ouvre devant celui qui est motivé pour se former à l’exercice. Ce constat est largement partagé par l’ensemble de la profession, au travers d’entités phares telles que la FNMNS (Fédération Nationale des Métiers de la Natation et du Sport). Cette dernière ne manque d’ailleurs pas de relayer cette précieuse information au travers d’articles dédiés aux aquaformes ; on peut y lire que « l’éducateur qui possède la double-qualification reste actuellement une « denrée rare » qui rend le recrutement particulièrement compliqué ; de même, il est très difficile de trouver un MNS qui veuille consacrer la plus grande partie de son activité à l’enseignement de l’aquafitness. » (interview de Pauline Leperchois, Revue « Des eaux et débats », n°29, juin 2017).

Face à cette situation où la demande (clientèle et employeurs à la recherche de cours d’aquaformes) dépasse largement l’offre (professionnels habilités à encadrer ce type d’activités), l’éducateur sportif possédant le fameux sésame du double BP est en position de force. C’est la raison pour laquelle la combinaison AF/AAN présente une réelle opportunité à saisir aujourd’hui. Car si la règlementation des activités aquatiques peut être plus souple, voire inexistante à l’étranger (j’en ai moi-même fait la triste expérience il y’a quelques années en hôtel…), il n’en est pas de même à l’intérieur de nos frontières où la profession est surveillée de très près par les autorités compétentes.

Vous n’aurez par conséquent pas d’autre choix que de passer le BPJEPS AAN, et ce, même si vous n’êtes pas forcément un nageur émérite…

BPJEPS AF et BPJEPS AAN : quel niveau de pratique ?

Si l’intérêt d’une double-qualification AF/AAN apparait maintenant très clair, reste toutefois à définir les modalités pour y accéder. Comme tous les BPJEPS, et à plus forte raison ceux destinés à l’encadrement d’une activité physique, un certain niveau de pratique est exigé dans la discipline concernée à savoir la natation. Et c’est là que le bât peut blesser pour les éducateurs sportifs qui n’ont pas baigné dedans. Car dans « AAN », il y’a « Activités Aquatiques » certes… mais il y’a aussi « Natation ». Il est donc indispensable d’en connaitre les bases pour pouvoir l’enseigner. Mais cette mission requiert-elle un niveau d’expertise très élevé ?

En réalité, le BPJEPS n’est pas destiné à encadrer des leçons de natation extrêmement techniques, mais plutôt à transmettre les fondamentaux de l’activité. A l’instar du STEP en mention cours collectifs, il ne vous sera pas demandé de réaliser une performance de haut niveau. Soyez donc rassurés : la principale qualité recherchée est d’abord celle d’être à l’aise avec le milieu aquatique. Car c’est le frein majeur auquel l’être humain doit faire face : celui d’affronter un espace dans lequel il peut mettre sa vie en danger. Dès lors que vous manifestez du plaisir à vous baigner, l’apprentissage de la natation sera affaire de travail, de patience et de rigueur. Cela ne sera pas forcément facile, mais cela sera possible. Car oui, tout s’apprend… Si tant est que l’on en ait envie et que l’on soit prêt à se donner les moyens de progresser vers l’objectif fixé. Et l’objectif à atteindre en l’occurrence se décline en 2 points : la technique de nage et le secourisme aquatique.

La technique de nage consiste à maîtriser les nages codifiées (papillon, dos, brasse, crawl), à effectuer les transitions (plongeon, culbute), et à développer une certaine endurance (parcours chronométré d’une distance donnée). Si la technique de nage est évaluée lors des tests de sélection du centre de formation, le secourisme aquatique est quand à lui validé par le BNSSA (Brevet National de Sécurité et de Sauvetage Aquatique). Ce dernier constitue un prérequis incontournable à la candidature en formation. Ce qui signifie que le BPJEPS AAN est un projet qui se déroule en deux étapes bien distinctes, avec un autre diplôme à passer en amont. Insurmontable pour un non-nageur ? Croyez-en mon expérience : j’ai moi-même effectué ce parcours, et avec de la volonté, il est tout à fait réalisable.

BPJEPS AF et BPJEPS AAN : mon expérience…

Comme le relate ma présentation personnelle sur la page des auteurs du blog Réussir son BPJEPS, je suis devenue éducatrice sportive à la suite d’une reconversion professionnelle. Passionnée par mon métier, je continue à me former régulièrement pour proposer un coaching de qualité. Ma dernière folie ? Passer le BPJEPS AAN ! Avec tous les diplômes que j’ai déjà en poche, pourquoi s’embêter une nouvelle fois me direz-vous ? Pour toutes les raisons évoquées dans cet article… Et parce que j’ai toujours aimé l’eau… même si je ne suis pas une grande nageuse !

Mon BNSSA, je l’ai eu lors de la licence STAPS. Un partenariat était organisé entre l’université et un organisme de secourisme. Le programme était intéressant et le tarif très avantageux pour les étudiants. Alors je me suis dit : pourquoi pas ? Ca peut toujours servir… CA PEUT TOUJOURS SERVIR. N’oubliez jamais ça lorsque vous croisez une opportunité, que quelqu’un vous tend une perche. Nul ne sait de quoi l’avenir est fait… Fort heureusement car ce serait bien peu excitant ! Alors laissez-vous un maximum de portes ouvertes. Soyez curieux : allez explorer des chemins différents, aventurez-vous sur des routes que n’aviez pas envisagées… Les surprises y sont la plupart du temps magnifiques… Même si elles sont parfois masquées derrière un paquet d’obstacles.

Car je peux vous assurer que j’en ai bavé pour avoir mon BNSSA. Combien de fois je me suis maudite de m’être inscrite à cet examen, moi qui avait déjà du mal à suivre le rythme de la licence. L’année a été éprouvante… Je me revois trimballer mes palmes et mon tuba, agrippée à mon vélo… C’était dur, intense… souvent décourageant. Mais jamais je n’ai lâché ! Le jour J, je me suis rendue à la piscine avec la mort dans l’âme. Je savais que je n’étais pas dans les temps à l’entrainement. Mais le MNS qui me coachait m’a motivé à y aller quand même… Et il a bien fait… Contre toute attente et poussée par l’adrénaline, je l’ai décroché ce foutu diplôme ! Du premier coup, hop, sans rattrapage. Comme quoi… Il ne faut jamais sous-estimer sa capacité à relever un défi. Et c’est bien l’enseignement prôné par Pierre de Coubertin, père des jeux olympiques modernes : « Chaque difficulté rencontrée doit être l’occasion d’un nouveau progrès ».

En tout cas, une chose est sûre : jamais je n’ai été aussi heureuse de brandir un papier fourni par la préfecture de police !

BPJEPS AF et BPJEPS AAN : un parcours à suivre !

Le BNSSA m’a ouvert la voie d’un univers qui m’était totalement inconnu… Grâce à lui j’ai pu exercer en poste de secours sur la plage par exemple. Ce qui m’a amenée à passer mon permis côtier pour pouvoir faire de la surveillance à bord d’un zodiac. Plutôt pas mal comme cadre de travail, non ? Je ne pouvais qu’être motivée pour continuer à explorer les nombreuses possibilités du milieu aquatique.

Me voilà donc entrée en formation BPJEPS AAN depuis 3 mois. Le rythme étant très soutenu, c’est la raison pour laquelle je suspens temporairement la rédaction d’articles qui est un exercice terriblement chronophage. Cela ne veut pas dire pour autant que je cesse toute activité pour le blog Réussir son BPJEPS ! Je reste engagée sur la prépa BPJEPS online et disponible pour des consultations privées.

D’autre part, je vous invite à suivre nos réseaux sociaux où je vais relater ce nouveau challenge que je me suis fixé. Vous pourrez y partager mes joies et mes peines d’apprentie MNS au jour le jour, et apprécier par vous-même que, même si on n’est pas nageur à la base, ce qui compte le plus c’est la pédagogie dont on fait preuve en tant que futur professionnel. Oui, bien sûr que la qualité de la technique de nage est importante. Mais pas que… J’ai appris le papillon exprès pour rentrer en formation… Je nage lentement… Parfois je fais des plats quand je plonge du plot… Bref, il y a du boulot vous l’aurez compris… Mais qu’à cela ne tienne car, comme dit l’adage : « Fluctuat nec mergitur »… Alors RDV sur les réseaux sociaux pour la suite de l’aventure !